Je l’ai rencontrée un jour d’octobre 2014. Avec sa silhouette très fine et flexible, elle est réellement atypique. Accordant beaucoup d’importance à l’esthétisme, je ne pouvais que tomber sous le charme. Mais qui est-elle?
Elle, elle s’appelle Mantis BS1.

lampe Mantis BS1 de Bernard Schottlander – © DCW éditions
En effet, je vais vous parler « lampes » aujourd’hui!
Je l’ai rencontrée lors d’une expérience dans la décoration haut de gamme. J’ai beaucoup appris à la connaître dans un premier temps, pour me rendre compte finalement que les professionnels de la décoration connaissent plus facilement des lampes de Serge Mouille, dont le dessin date de la même époque, et qui effectivement présente quelques traits en communs. Mais reprenons cette histoire, l’histoire, dans l’ordre.
Retour dans les années 50.
Serge Mouille (1922-1988), après avoir obtenu son diplôme d’orfèvrerie à l’Ecole des Arts Appliqués de Paris en 1941 ouvre son propre atelier; puis son propre studio de métallurgie en 1945. En 1953, le designer Jacques Adnet l’embauche pour concevoir des luminaires ; il consacrera finalement tout le reste de sa vie aux lampes!
Pour cet article, je me suis intéressée à une partie seulement de son oeuvre : les lampes ayant un abat-jour dans le même esprit que celles de Bernard Schottlander.
lampadaire trois bras pivotants – © sergemouille.com
applique cinq bras pivotants – © sergemouille.com
plafonnier deux bras fixes – © sergemouille.com

suspension trois bras dont un pivotant – © sergemouille.com

plafonnier six bras pivotants, noir et blanc – © sergemouille.com
Je décrirais donc ces luminaires comme ayant un design très organique, inspiré des insectes. Les lignes sont directes, tendues, l’épaisseur des tubes métalliques est variable. On est au-delà du simple outil d’éclairage et du simple travail d’esthétisme : Serge Mouille ne s’est pas arrêté à la facilité : ses lampes, par leur construction, leur adaptabilité et leur présence graphique voire architecturale ne peuvent pas laisser indifférent.
Quand à la Mantis BS1, elle a été dessinée par Bernard Schottlander (1924–1999). Né en Allemagne, il fuit en Angleterre en 1939 et travaille pendant la guerre comme soudeur. Il suit ensuite des cours de sculpture puis monte son atelier à Londres. En 1963, il décide de se consacrer exclusivement à la sculpture. Inspiré par l’oeuvre d’Alexander Calder et de ses célèbres mobiles, il crée en 1951 une collection de luminaires nommée Mantis.

applique Mantis BS2 de Bernard Schottlander – © DCW éditions

lampe de table Mantis BS3 de Bernard Schottlander – © DCW éditions

plafonnier Mantis BS4 de Bernard Schottlander – © DCW éditions

appliques Mantis BS5 de Bernard Schottlander – © DCW éditions
Je trouve le dessin des Mantis plutôt doux, moins « accrocheur » à l’œil : tubes métalliques à épaisseur constante, abat-jour plus dans la rondeur… La notion de mouvement, d’oscillation est présente sur certains modèles équipés d’un système de réglage et d’un astucieux pivot-contrepoids. On retrouve donc le lien avec le travail de Calder, l’équilibre, le jeu mécanique et la ligne.
Bref, aujourd’hui beaucoup de personnes confondent par exemple le lampadaire Mantis BS1 de Bernard Schottlander avec le lampadaire droit de Serge Mouille ou attribue le premier au second, peut-être tout simplement par ignorance du travail de Bernard Schottlander : effectivement moins populaire. Il est en tout cas intéressant de constater que 2 créateurs, sans lien apparent et avec deux formations et démarches différentes et engagées aient pu créer des objets ayant la même fonction avec une esthétique globale proche (corps des lampes tout en finesse et abat-jour forme « tétine »).
à gauche, le lampadaire droit de Serge Mouille (©sergemouille.com), à droite la Mantis BS1 de Bernard Schottlander (© DCW éditions)
Excellent article! Je ne m’imaginais pas que les différences si ténues en apparence étaient en fait si marquées! Bravo!
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